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Cristallographie des bicouches homophases désorientées par rotation-translation

Denis Gratias et Marianne Quiquandon
CNRS-UMR 8247 IRCP, Chimie-ParisTech PSL, Paris

On se propose de discuter la symétrie résultant de la superposition de deux couches monoatomiques cristallines identiques désorientées l’une par rapport à l’autre d’une rotation-translation (α|τ).
Un réseau de coïncidence apparaît —défini par le groupe intersection des groupes de translation des réseaux des monocouches— pour un ensemble dense dénombrable de valeurs de la rotation α, qu’on discutera en toute généralité pour les quatre types de réseaux bidimensionnels, oblique, rectangle, carré et hexagonal. Ces valeurs singulières d’angle α associées aux normes σ des vecteurs unitaires du réseau de coïncidence se répartissent dans le plan (α, σ) selon des branches indexées par des suites de Farey et dont on discutera les propriétés.
Pour une rotation donnée, les symétries spatiales de ces bicouches se répartissent en un
petit nombre seulement de groupes selon la valeur de la translation τ. Ainsi les bicouches de
graphène à réseau de coïncidence ne peuvent présenter que 6 types de groupes d’espace quelles que soient la rotation a de coïncidence et la translation τ.
Dans le cas générique d’absence de réseau de coïncidence, la bicouche présente une
symétrie quasipériodique de rang 4 au plus qu’on peut décrire par une méthode de coupe à partir d’un espace de dimension 4. On montrera l’importance fondamentale du réseau-0 (0-lattice) pour décrire les symétries des figures de moiré de ces édifices.

Conception de matériaux par voie numérique

Maxime Moreaud

IFPEN, Solaize

Depuis 2017, IFPEN est entrée pleinement dans la course à la conception accélérée de nouveaux matériaux avec des modèles créant des liens entre synthèse et propriétés effectives. Ses équipes IA et matériaux proposent de nouveaux outils de génération et de caractérisation numériques de microstructures de matériaux.  
Cette approche considère de façon réaliste la microstructure pour capter des détails morphologiques et topologiques aux échelles d’intérêts. Des modèles numériques font le lien avec des paramètres de synthèse ou de mise en forme, et estiment les propriétés texturales et d’usages. Lors de cet exposé, nous aborderons les idées générales de cette approche, des exemples de microstructures multi-échelles, et quelques récents travaux concernant les caractérisations numériques texturales comme la tortuosité et la simulation de physisorption accélérée par apprentissage profond.

Rydberg atoms: a versatile tool for quantum technologies

Sylvain Schwartz

Laboratoire QTECH (ONERA)

Rydberg atoms are by definition atoms which have been excited to a state with a large principal quantum number, resulting in exaggerated properties such as a large atomic size, a long lifetime compared to other excited states and large matrix elements for the dipole operator. In practice, dipole-dipole interactions between Rydberg atoms are at the heart of quantum simulations, where they are used to create entangled atomic states. But the large dipole of Rydberg atoms can also result in a strong coupling with external electromagnetic fields, making these atoms good candidates to be used as very sensitive probes of electromagnetic environment in the GHz to THz range. I this talk, I will give a brief overview of the state of the art of quantum simulation and quantum metrology with Rydberg atoms, and present the ongoing project that we have in the QTech lab at ONERA about quantum metrology with cold Rydberg atoms trapped in optical potentials. Possible applications include electromagnetic intelligence, THz imaging and scientific applications such as the calibration of black-body shifts in state-of-the-art optical clocks (in collaboration with SYRTE and laboratoire Aimé Cotton).

Etude atomique de la plasticité des métaux de transition cubiques centrés

Baptiste Bienvenu, Chu Chun Fu et Emmanuel Clouet

Université Paris-Saclay, CEA, Service de Recherches de Métallurgie Physique, 91191 Gif-sur-Yvette

A basse température, la plasticité des métaux de transition cubiques centrés (CC) s’opère par le glissement dans les plans compacts {110} des dislocations vis de vecteur de Burgers ½<111>, subissant une forte friction avec le réseau cristallin. L’objectif de ce travail est de construire des lois d’écoulement plastique à partir de l’étude à l’échelle atomique des propriétés de coeur et de la mobilité de ces dislocations vis (par calculs ab initio et de dynamique moléculaire), permettant de les relier à des propriétés mécaniques macroscopiques (limite élastique, activité des systèmes de glissement).
Dans le cadre de cette étude, une attention particulière est portée au cas du chrome (Cr), le seul de ces métaux ayant une structure proche de l’antiferromagnétisme, une onde de densité de spins, en-dessous de la température ambiante. Afin de qualifier l’influence du magnétisme sur la plasticité du Cr, des calculs ab initio à température nulle ont été couplés à des simulations Monte Carlo à température finie. Cette étude a permis de conclure à une influence marginale du magnétisme, mis à part à très basse température où le vecteur de Burgers ½<111> des dislocations génère des fautes magnétiques puisque celui-ci ne respecte pas l’ordre magnétique du Cr.
Par la suite, une étude systématique portant sur l’ensemble des sept métaux de transition CC (vanadium, niobium, tantale, chrome, molybdène, tungstène et fer) a permis de développer un critère d’écoulement reproduisant les caractéristiques expérimentales des effets dits « non-Schmid », une spécificité de ces métaux à basse température. Cependant, certains effets ne peuvent pas être décrits par ce critère, tenant uniquement compte du mouvement de dislocations isolées. C’est le cas par exemple du glissement anomal, observé dans tous les métaux CC excepté le fer, et caractérisé par le glissement de dislocations ½<111> dans des plans {110} faiblement sollicités. A partir d’observations in situ dans un microscope électronique en transmission réalisées par Daniel Caillard (CEMES-CNRS, Toulouse), couplées à des simulations atomiques, un nouveau mécanisme expliquant ce phénomène dans l’ensemble des métaux CC a été mis en évidence, basé sur la mobilité exceptionnelle de multi-jonctions. Enfin, la mobilité de dislocations ayant un vecteur de Burgers <100>, le plus souvent observées sous forme de jonctions entre dislocations ½<111> mais rarement considérées comme des systèmes de glissement possibles, a été étudiée par simulations atomiques. Il a été mis en évidence que, malgré une mobilité compétitive des dislocations vis <100> avec les conventionnelles ½<111> dans les plans {110}, les dislocations <100> se bloquent à basse température selon une orientation mixte nécessitant une contrainte très élevée pour se déplacer, expliquant ainsi leur faible activité.

Modèles pilotés par les données de simulations atomiques dans des espaces d’états discrets et continus

Thomas Swinburne

CINaM, Marseille

Construire des modèles pour la plasticité, la thermodynamique et la cinétique des métaux est un défi car les aspects subtils de la cohésion atomique doivent être fidèlement reproduits et les prédictions nécessitent souvent une moyenne sur de grands ensembles de configuration complexes. Je discuterai de la manière dont les paysages énergétiques des systèmes atomiques peuvent être rapidement explorés à grande échelle et « coarse-grained » lorsque la dynamique est thermiquement activée, donc séparée en échelle [1,2] et comment les techniques basées sur les données, généralement utilisées pour régresser les énergies pour les modèles cohésifs modernes, peuvent être utilisés pour capturer une gamme beaucoup plus large de propriétés telles que l’entropie des défauts[3] ou les propriétés de dislocation. Lorsque la dynamique n’a pas une séparation d’échelle de temps claire, le grain grossier est beaucoup plus difficile. Je discuterai de la manière dont une approche basée sur les données peut fournir une solution, produisant des modèles de substitution efficaces qui peuvent prédire l’évolution des ensembles de nanoparticules et le rendement de microstructures complexes, offrant de nouvelles perspectives pour les approches de modélisation multi-échelles[4].

 

[1]  TD Swinburne and D Perez, NPJ Comp. Mat 2020, MSMSE 2022
[2]  TD Swinburne and DJ Wales JCTC 2020, 2022
[3]  C Lapointe et al. PRMat 2020
[4]  TD Swinburne, In Prep.

Plasticité sans dislocations dans les métaux à petits grains

Marc Legros, Romain Gauthier, Armin Rajabzadeh, Frédéric Mompiou et Nicolas Combe

CEMES-CNRS, Toulouse

La plupart des matériaux cristallins qui nous entourent (métaux, alliages, céramiques) sont polycristallins, constitués de « grains », séparés par des « joint de grains ». Ces frontières entre domaines d’orientation différentes déterminent certaines propriétés physiques et notamment leur comportement mécanique. On peut par exemple rendre malléable une céramique ou au contraire durcir un métal en réduisant la taille de ses cristallites à travers la fameuse loi de Hall-Petch [1,2], établie de façon phénoménologique pour les aciers il y a 70 ans. Physiquement, cette relation peut s’expliquer par l’effet d’obstacle que jouent les joints de grains sur les dislocations, qui sont les vecteurs principaux de la déformation plastique. Lorsque les grains deviennent nanométriques, le seuil de plasticité sature ou décroit, ce qui est généralement attribué à des processus plastiques portés par les joints de grains eux-mêmes, comme la rotation, le glissement intergranulaire et/ou le couplage migration/cisaillement. Des mécanismes surtout observés dans les métaux à petits grains, mais rarement quantifiés expérimentalement, hormis lors d’expériences sur bicristaux [3]. Le modèle de Cahn & Mishin (C&M) [4,5], qui a popularisé le couplage migration-cisaillement, prévoit que le facteur de couplage augmente avec la désorientation du joint. En d’autres termes, lorsqu’un joint migre, il produit d’autant plus de cisaillement que sa désorientation est forte. Les rares mesures faites sur polycristaux, expérimentalement plus complexes à réaliser, ne semble pas attester cette tendance. Et les nanocristaux métalliques ne sont pas connus pour leur déformabilité.

Pour en avoir le cœur net, nous avons, depuis une dizaine d’années étudié les mécanismes de déformation liés à la migration des joints de grain, à la fois en microscopie électronique en transmission (MET) in situ , à l’aide de simulations atomiques par dynamique moléculaire et plus récemment par microscopie à force atomique (AFM), le tout couplé avec des techniques de cartographie d’orientation cristalline. On peut ainsi suivre le mouvement de joints connus et même quantifier de façon statistique le cisaillement produit dans de l’aluminium à grains ultra fins. En l’absence de dislocation, ce couplage migration-cisaillement est le principal vecteur de la déformation plastique [6]. Ce couplage est par contre beaucoup plus faible que celui prédit par le modèle C&M, ce qui explique le faible rendement des mécanismes de plasticité par joint de grains, et donc la faible ductilité des nanocristaux métalliques.

[1]   EO Hall. The deformation and ageing of mild steel: III Discussion of results. Proceedings of the Physical Society Section B 1951;64:747–53.
[2]   NJ Petch. The cleavage strength of polycrystals: Journal of the Iron and Steel Institute, v. 174. 1953
[3]   T Gorkaya, DA Molodov, G Gottstein. Stress-driven migration of symmetrical 〈100〉 tilt grain boundaries in Al bicrystals. Acta Materialia 2009;57:5396–405.
[4]   JW Cahn, JE Taylor. A unified approach to motion of grain boundaries, relative tangential translation along grain boundaries, and grain rotation. Acta Materialia 2004;52:4887–98.
[5]   JW Cahn, Y Mishin, A Suzuki. Coupling grain boundary motion to shear deformation. Acta Materialia 2006;54:4953–75.
[6]   R Gautier, A Rajabzadeh, M Larranaga, N Combe, F Mompiou, M Legros. Shear-coupled migration of grain boundaries: the key missing link in the mechanical behavior of small-grained metals. Comptes Rendus Physique 2021;22:1–16.

Étude in situ de la mécanique des matériaux polycristallins par la combinaison de la tomographie et de la diffraction des rayons X

Clément Ribart, Henry Proudhon

Centre des Matériaux, MINES Paristech, CNRS UMR 7633

La tomographie par contraste de diffraction reste la méthode de caractérisation de la cartographie des grains en 3D la plus rapide et permet d’approfondir la caractérisation d’emplacements de cristallographique spécifique. Couplée à des essais mécaniques in situ, que nous développons depuis quelques années au CDM, elle offre un moyen unique de sonder les mécanismes de déformation et de fracture des matériaux de structure. Des expériences corrélatives à plus haute résolution peuvent maintenant être réalisées pour obtenir une observation « zoomée » dans des grains sélectionnés. Nous passerons en revue plusieurs techniques qui peuvent être utilisées au synchrotron européen, comme la topo-tomographie à rayons X, la 3DXRD ou la microscopie à rayons X. Un exemple pour caractériser la localisation des déformations plastiques dans les métaux sera présenté. La méthode étant de plus en plus automatisée, elle permet des mesures quantitatives et statistiques dans la masse de la microstructure. Enfin, le couplage des expériences avec les calculs par éléments finis de la plasticité cristalline à l’échelle du grain sera discuté comme une clé pour découvrir les mécanismes de déformation de la microstructure.

Contact pour assister à la conférence : Mathieu.Fevre@onera.fr

Jeudi 31 Mars 2022 à 14h00

Salle Contensou, ONERA Châtillon

Impact de l’écrouissage thermique sur la précipitation de phases durcissantes lors de la fabrication par SLM d’un alliage d’aluminium

Frederico Orlacchio

LEM, UMR ONERA-CNRS – SIAM, ONERA

La Fabrication Additive suscite un grand intérêt à la fois dans les milieux académiques et industriels notamment en vue d’une réduction des déchets de matières premières et pour l’optimisation des composants fabriqués. Pendant le stage réalisé entre l’unité SIAM du DMAS/ONERA et le LEM (CNRS/ONERA), une attention particulière a été portée à l’impact de l’écrouissage thermique sur la précipitation des phases intermétalliques dans l’alliage d’aluminium Al-4Fe, fabriqué par fusion laser sur lit de poudre (L-PBF pour Laser Powder Bed Fusion). Dans un premier temps, une étude expérimentale à différentes échelles a été réalisée afin de caractériser la microstructure du matériau Al-4Fe dans son état métallurgique après fabrication. Les échantillons étudiés sont issus de différentes conditions de fabrication. La microstructure de grains ainsi que la précipitation de phases riches en fer ont été étudiées par différentes techniques de microscopie (optique, MEB, TEM). Dans un deuxième temps, l’évolution de la dureté et les modifications de la microstructure suite à la mise en œuvre de différents traitements thermiques post-fabrication ont été caractérisées. Les petites désorientations à l’intérieur des grains ont été mesurées par EBSD afin d’obtenir des informations sur l’écrouissage du matériau lors de ces traitements. Enfin, les différentes contributions nécessaires au développement d’une modélisation de la dureté de ces alliages ont été discutées.

Mardi 28 septembre 2021 à 9h30

en visioconférence sur le lien suivant : https://rdv.onera.fr/seminaireLEM

Etude de la transition solide-liquide de nanoparticules Ag-Pt

Djahid Oucheriah

LEM, UMR ONERA-CNRS

A l’échelle nanométrique, les nanomatériaux possèdent des propriétés uniques qui diffèrent fortement de celles du matériau massif. Dans le cas des nanoparticules de type AgPt, nous avons cherché à étudier la transition solide-liquide de nanoparticules de différentes tailles et compositions. Dans ce but, nous avons effectué des simulations à l’échelle atomique à partir d’un potentiel semi-empirique intégré dans un code Monte Carlo pour relaxer les structures. En procédant ainsi, nous avons observé que la température de fusion diminue avec la taille des nanoparticules (systèmes purs et alliages). Par ailleurs, cette même température de fusion augmente avec la composition en Pt. Toutefois, notre analyse fine montre que la fusion de la nanoparticule passe systématiquement par une étape intermédiaire avec un coeur cristallin (pur Pt ou AgPt selon la composition) et une couche d’Ag liquide.

Jeudi 29 juillet 2021 à 11h00

en visioconférence sur le lien suivant : https://cnrs.zoom.us/j/98877547159

Etudes ab initio de la diffusion d’atomes légers dans γ-TiAl et investigation expérimentale sur l’oxydation de phases MAX

Dr.  Enrica Epifano

CIRIMAT, UMR 5085, toulouse France

 

Dans cet exposé, E. Epifano présentera les résultats de ses recherches postdoctorales menées à l’ONERA. La présentation comprendra deux parties. Dans la première partie, la solubilité et la diffusion des atomes légers (B, C, N, O) dans la phase intermétallique γ-TiAl sont étudiées par des calculs ab initio. L’accommodation des atomes légers dans les différentes positions interstitielles est étudiée par la théorie de la fonctionelle de la densité. Les barrières d’énergie pour leur diffusion entre les différents sites interstitiels sont calculées en utilisant la méthode Nudged Elastic Band (NEB) et les taux de saut atomique sont obtenus à partir de la théorie de l’état de transition. Les coefficients de diffusion sont obtenus à partir de la solution de l’équation de transport dans la limite du temps infini, en utilisant la méthode analytique de diffusion multi-états.

Dans la deuxième partie, des études expérimentales de la résistance à l’oxydation des phases MAX sont présentées. Les phases MAX constituent une nouvelle classe de matériaux qui présentent une combinaison extraordinaire de caractéristiques à la fois métalliques et céramiques. Certains des MAX sont alumina-formeurs et présentent donc une excellente résistance à l’oxydation. Les résultats présentés ici concernent une étude sur la phase quaternaire (Tix,Ga1-x)3AlC2, réalisée en collaboration avec l’Université Drexel de Philadelphie.

Vendredi 25 Juin 2021 à 14h00

en visioconférénce au lien suivant: https://rdv.onera.fr/seminaireLEM

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